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CHAPITRE IX.

ristique : on les dit Mariage des trois princesses ; or, par ce titre, on entend, sans nul doute, désigner trois fées, et l’on prétend que la dot de ces dames est enfouie au centre de ce triangle emblématique. Deux menhirs, maintenant détruits, situés à Formanville, et dont l’un était surnommé la Pierre-ferrant, et l’autre la Pierre aux Magniants, réunis à la Longue pierre de Carneville ou Devise, composaient un Mariage des trois princesses. Il en est de même des deux menhirs tournants de Saint-Pierre-Église, joints à celui de Cosqueville ; des trois menhirs de Montaigu-la-Brisette, surnommés les Pierres grises. La principale de ces pierres est réputée pour conserver des trésors que défendent les feux follets qui se montrent souvent dans le voisinage[1]. Un dolmen, que nous avons déjà mentionné, situé à la Ferté-Fresnel, à deux lieues de l’Aigle, formait aussi un triangle avec deux monuments semblables, l’un érigé près du village de Verneusse, arrondissement de Bernay, l’autre à Glos-la-Ferrière ; ce dernier a été détruit. Le dolmen de Verneusse et celui de Glos-la-Ferrière étaient séparés de la distance d’une lieue, et se trouvaient écartés chacun de deux lieues du dolmen de la Ferté-Fresnel. On appelait ces trois monuments Pierres coupelées ou couplées ; surnom que nous retrouverons encore ailleurs[2].

Dans la commune d’Habloville, à Fresney-le-Buffard, on trouve trois tumulus, maintenant en partie détruits, disposés en triangle, au centre d’une petite plaine d’où l’on découvre, au nord, la longue chaîne des bruyères de Rosnay et de la Hoquette. Au sommet d’un de ces tumulus, est érigé l’un des plus importants dolmens de la Normandie, connu sous le nom de Pierre des Bignes, qui lui a été attribué, sans doute, à cause des aspérités nombreuses que présente sa table. Cette table a 3 mètres 25 centimètres de longueur, et de largeur 2 mètres 92 centimètres ; elle est de granit micacé, et

  1. P. Le Fillastre, Annuaire de la Manche, 1833.
  2. F. Galeron, Monum. druid. du départ, de l’Orne ; (Mém. de la Société des Antiq. de Normandie, 1829 et 1830, p. 139.)