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MONUMENTS DRUIDIQUES.

pierres branlantes. M. Dulaure a supposé, avec beaucoup de vraisemblance, que, des oscillations de ces pierres, on avait dû tirer des augures, comme les Grecs et les Romains en tiraient de petites figures et de guirlandes de fleurs, qui, suspendues à des arbres ou à des colonnes, étaient mises en mouvement, et qu’on nommait Oscillæ[1]. Les croyances qui existent, dans quelques-unes de nos provinces, au sujet des pierres branlantes, viennent en appui à cette induction. On est persuadé que ces chefs-d’œuvre d’équilibre sont destinés à faire connaître les maris dont les femmes ont trahi la foi conjugale, et les jeunes filles dont la vertu a failli. La pierre branlante du Yaudet, en Bretagne, s’appelle Roch-Werchet (la roche aux Vierges)[2].

Les Logans sont peu nombreux en Normandie : Dans le département de la Manche, deux de ces curieux monuments ont été enlevés pour servir à la construction du port de Cherbourg ; l’un était situé à Bretteville-en-Saire ; on suppose, d’après les indications, que l’autre occupait la limite des paroisses de Cosqueville et de Fermanville. La pierre supportée de ce Logan n’avait pas moins de cent pieds cubes, et, cependant, on la mettait facilement en oscillation, tant son équilibre était parfait. Une pierre branlante existe encore dans la commune de Lithaire[3], une autre dans le bois du Gast, à trois lieues au sud-ouest de Vire, et à une lieue du bourg de Saint-Sever, dans le voisinage d’un dolmen dit la Pierre couplée. L’équilibre de la pierre branlante du Gast a été détruit[4].

Si les Logans ont la vertu de produire des augures, quelques autres pierres sont regardées comme étant douées d’une

  1. Dulaure, Histoire des Cultes antérieurs à l’idolâtrie, p. 297.
  2. Mém. de l’Acad, celtique, t. III, p. 217.
  3. P. Le Fillastre, Ann. de la Manche, 1833, p. 236 et suiv.
  4. Vaugeois, Mémoire sur la pierre couplée de la forêt de St-Sever, (Mém. des Antiq. de Normandie, 1825, p. 157 et suiv.)