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CHAPITRE IX.

de Cosqueville, le principal menhir de Montaigu-la-Brisette, le rocher naturel de Breuville, qui, sans doute, fut consacré aussi au culte druidique : ce rocher tourne trois fois lorsqu’il entend sonner la messe de minuit ; il renferme une petite caverne nommée la Chambre aux fées ; et enfin un peulvan détruit, qui se trouvait sur la route de Cherbourg à Valognes[1]. Dans le département de l’Orne, il existe deux pierres tournoires : l’une est un dolmen brisé, situé à la pointe de la presqu’île de la Courbe ; l’autre pierre, qui paraît avoir subi aussi un déplacement, se trouve sur la bruyère de Montmerrey[2].

La fête du solstice d’été était, comme celle du solstice d’hiver, tenue en grande vénération chez les Druides. De là, viennent toutes les croyances qui existent sur l’influence merveilleuse du jour de la Saint-Jean. En voici une, entr’autres, qui semble plus particulièrement se rattacher à une tradition druidique : Non loin des ruines du château de Montfort-sur-Rille, se trouve un tertre que l’on appelle la Butte qui sonne. On raconte, dans le pays, que les personnes à foi vive, qui visitent ce tertre la nuit qui précède la fête de Saint-Jean-Baptiste, y entendent les sons harmonieux d’une musique souterraine[3].

Il ne faudrait pas confondre les pierres tournantes avec les Logans ou Pierres branlantes, quoique ces dernières aient bien pu prêter à l’invention de la fable qui se débite sur le compte des autres. Il n’y a rien de surnaturel dans les Logans ou pierres branlantes. Ce sont, comme nous l’avons dit déjà, d’énormes pierres, superposées dans un équilibre si parfait, que le moindre effort suffit pour les mettre en mouvement. On est réduit aux conjectures sur l’usage et la destination des

  1. P. Le Fillastre, Descrip. des Monum. druidiques du départ, de la Manche, (Annuaire de la Manche, 1833, p. 223 et suiv.)
  2. F. Galeron, Monum. hist. de l’arrond. d’Argentan, (Mém. des Antiq. de Normandie, 1835, p. 437.)
  3. A. Canel, Essai sur l’arrondissement de Pont-Audemer, t. II, p. 271.