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CHAPITRE VIII.

apparitions hideuses fascinaient leurs regards, et ils entendaient mugir à leurs oreilles les grincements épouvantables de l’enfer irrité ! Mais le puissant exorcisme du jour de Noël peut encore une fois réduire tout ce prestige à néant. À la lecture de la généalogie, qui se fait à la messe de minuit, les grilles de fer du souterrain s’ouvrent silencieusement, de peur de réveiller un écho délateur, tandis que le Veau d’or et ses richesses sataniques sont livrés, vaincus et sans défense, à la main audacieuse qui oserait s’en emparer ! Il n’est pas besoin d’ajouter que le téméraire qui affronterait les mystères du temple de Neaufles, courrait le même péril que celui qui tenterait une entreprise semblable dans le caveau de l’Homme blanc. Ainsi que nous l’avons remarqué déjà, toutes ces belles légendes merveilleuses, tous ces beaux contes de la féerie, ont des conclusions dérisoires ! ils ressemblent, par là, aux rêves du sommeil, qui n’atteignent jamais au dénouement suprême ! Mais peut-être est-il bien qu’il en soit ainsi, que l’idéal soit mis sous la défense de l’impossible, afin que nous soyons provoqués à la poursuite de la réalité ; car si les rêves n’étaient pas railleurs, mobiles et fuyants, l’homme ne voudrait jamais que rêver.

Il serait difficile de faire l’énumération complète de tous les trésors que la tradition signale en Normandie ; cependant, à la suite de ceux que nous mentionnons dans cet article, il faut ajouter ceux que M. Pluquet a indiqués dans son recueil des superstitions populaires du Bessin : à Saint-Vigor, un veau d’or enfoui dans un banc de sable, lors de la destruction du temple de Belenus ; à Ver, une poule d’or et ses douze poussins, sous la chapelle de Saint-Gerbold. Sous la chapelle ruinée de Sainte-Catherine de Bar-le-Roi, à Noron, on cherche un tonneau de pièces d’or. À Rye, on a fait des fouilles auprès de l’église et de l’ancien château, afin de découvrir un trésor qui a été enfoui par les anciens seigneurs de Rye[1].

  1. Pluquet, Contes populaires de l’arrond. de Bayeux, p. 22.