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caché sur le territoire de la commune de Barneville ; treize jeunes gens de ce village se réunirent pour aviser aux moyens d’obtenir du diable la découverte de ce trésor. Ils complotèrent d’abord de faire dire une messe à rebours, et chose inouïe, un prêtre ne craignit pas de prêter son ministère à cette messe sacrilège. Mais, au moment solennel de la consécration, la colère du ciel se manifesta par un signe éclatant : une nuée de mouches descendit sur l’autel, environna le prêtre, qui fut, pendant quelques instants, soustrait aux regards des assistants. C’était là un avertissement miraculeux, bien propre à faire rentrer les coupables en eux-mêmes ; cependant ils n’en tinrent pas compte, ou plutôt ils regardèrent ces prodiges menaçants comme autant de garanties de leur alliance avec Satan, et, par conséquent, du succès de leur entreprise. À l’issue de la messe, ils déposèrent douze boules rouges et une noire dans une urne, et se préparèrent à tirer au sort ; celui d’entre eux qui amènerait la boule noire devait se vouer au démon pour être mis en possession du trésor, que ses compagnons se réservaient de partager. Ce pacte explique suffisamment comment on arriva à la découverte du trésor, et comment l’auteur de cette découverte mourut, peu de temps après, des tortures que lui fit éprouver le diable, impatient de se saisir de sa proie.

Le fond d’Orival, situé dans la vallée de Fécamp, près de Colleville, renferme des grottes où sont cachés, dit-on, des trésors. Pour conjurer l’esprit infernal qui veillait en ce lieu, on s’y rendait autrefois en procession, à certaines époques de l’année. Mais, au moment de pénétrer dans les grottes, la sainte bannière se trouvait toujours retenue par une main invisible. Ni l’eau bénite dont on aspergeait avec profusion les parois du souterrain, ni le chant des hymnes pieuses entonnées en chœur par toute l’assistance, n’avaient le pouvoir de déjouer le charme diabolique. N’ayant pu triompher de l’en-