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province[1]. Malheureusement, les Anglais ont mis en usage toutes les ressources de leur génie prudent et inventif, pour dépister la cupidité normande. Il y a, dit-on, près de la rue Glatigny, à Toutainville, commune située dans le canton de Pont-Audemer, des carrières où la tradition entasse des monceaux d’or. Mais les Anglais ont su rendre ces souterrains invisibles à tous les regards, sans quoi la rue Glatigny serait devenue le pays des bienheureux, l’Eldorado de la Normandie. Suivant l’assertion d’un vieux livre dont on parle avec foi dans le pays, il y aurait aussi, dans la commune de Foulbec, canton de Beuzeville, un immense trésor enfoui par les Anglais, sur une côte dite des grandes Bruyères, où se trouve un grand nombre de tuiles romaines. Pour ce trésor là, il est bien entendu que les sorciers ou autres chercheurs de trésors n’auront rien à y prétendre. Le vieux livre a insinué à quel charitable emploi cette future trouvaille doit être destinée, en disant qu’elle suffirait à nourrir, pendant douze ans, les habitans de la commune[2]. Voilà donc une bonne prétention à faire valoir pour les habitans de Foulbec ; car la vertu des maléfices ne saurait être éternelle. Nous avons, d’ailleurs, une preuve que les cachettes des Anglais peuvent quelquefois être surprises. À la fin de l’année 1830, on trouva à Planquery, plus de huit cents pièces de monnaies frappées en France, par les Anglais, vers 1430 ; il est vrai que ce n’étaient que des pièces de billon, et pour cette cause peut-être, on avait épargné les sortilèges qui devaient les protéger[3].

Nos modernes chercheurs de trésors ne se contentent plus, pour arriver à leurs fins, d’employer les pratiques usées de l’art cabalistique et les expériences suspectes de la baguette divinatoire. Un exemple remarquable nous a prouvé que le

  1. L. Dubois, Annuaire statistique du départ. de l’Orne, 1809.
  2. A. Canel, Essai sur l’arrond. de Pont-Audemer, t. II, p. 440.
  3. Pluquet, Contes populaires de l’arrond. de Bayeux, p. 23.