Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/342

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
330
CHARLOT S’AMUSE

sant subsister la surexcitation sensuelle. Sa volonté, à présent, dominait l’entraînement jadis irrésistible de sa chair, lorsqu’il songeait à assouvir par un viol la passion qui grondait en lui. Il se rappelait avoir été affaissé ainsi, une heure après son attentat sur Marguerite, dans la période de collapsus qui lui avait rendu sa raison. Et il ne songeait même plus à secouer la passivité maladive qui l’enchaînait résigné à son boulet. Non, il n’aurait pas fait un pas pour essayer de se guérir, convaincu à cette heure de son impuissance, ou pour chercher une autre maîtresse. On ne trouvait pas deux fois de suite bonheur pareil à celui qu’il avait eu et les loteries n’avaient pas l’habitude d’enrichir les mêmes joueurs. Un découragement alourdissait sa timidité ancienne. Puis, quelle femme voudrait se charger de l’enfant qu’il avait là ?

Deux ou trois fois, il retourna rue d’Aboukir, ou ramassa des filles sur les trottoirs, mais il y renonça vite. Ces femelles l’écœuraient avec leurs caresses banales et froides, et il éprouvait près d’elles moins de plaisir que dans ses solitaires abandons. Un jour, il songea à revoir Marguerite. Pour jeune qu’elle fût, et quoi qu’il risquât, cela vaudrait mieux que de rester seul ; mais sa mère, la blanchisseuse,