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CHARLOT S’AMUSE

vrose, et qu’il était condamné désormais, inéluctablement. Il avait repris tout de suite ses habitudes pernicieuses, mais il y cédait sans lutte, avec dégoût. Et il souffrait plus qu’au temps où il résistait à leur appel, car il n’avait plus l’espérance de les voir s’éteindre, espérance qu’il avait souvent cru perdre, mais qu’il avait toujours senti revivre en lui, inconsciente, parfois, comme le cri instinctif de son être qui ne voulait pas mourir et se révoltait contre la cachexie envahissante. Maintenant, il avait beau fouiller au plus profond de lui-même : il ne sentait plus surnager cet espoir qui avait été sa vitalité et il ne trouvait qu’une lassitude morne. Aussi lui arrivait-il de regretter les plus mauvaises heures du passé. Jadis, il se voyait devenir fou ; à cette heure, il n’était que malade. Les dix mois de collage avec Fanny avaient, comme certains remèdes interrompus trop tôt, amélioré seulement quelques symptômes et modifié les autres. Ainsi, son ardeur génésique restait la même, exaspérée davantage, au contraire, et plus exigeante, mais il n’avait plus les hallucinations et le délire qui, autrefois l’avaient poussé au crime. Sa monomanie était tranquille. Cette longue possession d’une femme avait comme anesthésié son cerveau détraqué, tout en lais-