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CHARLOT S’AMUSE

l’exaspération de leurs six jours de repos. Il était temps qu’il leur trouvât un écoulement. Il chercha, mais, en attendant, il se laissa retomber aux déplorables pratiques auxquelles il devait sa libération, et si bien convaincu de son impuissance depuis son séjour à l’hôpital, qu’il obéissait docilement aux incitations de sa névrose, à quelque heure qu’il les sentît se manifester.

Il sortait à présent de son magasin le plus tôt qu’il le pouvait, mangeant à peine le soir, pour avoir en poche quelque argent. Puis, il courait les rues, guettant une occasion, un hasard, il ne savait trop quoi lui-même. Il remontait d’abord la rue des Vinaigriers. C’était l’heure de la sortie des ateliers ; les trottoirs et la chaussée regorgeaient de monde.

Il allait lentement, dévisageant les ouvrières avec des regards luisants qui les faisaient rire, mais aucune ne répondait à son muet appel et il atteignait le boulevard Magenta, tout en pestant contre sa maladresse ou son peu de chance. Parfois, il tremblait qu’un homme s’aperçût de ses préoccupations sexuelles et lui cherchât querelle. Il était toujours lâche ; ses désirs étaient d’ailleurs d’une instantanéité si violente que la crainte d’être trahi par sa