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CHARLOT S’AMUSE

au mur, coupant ses sanglots de hoquets, et traînant ses savates. Arrivé sur le palier du deuxième étage, il l’attendit, ne trouvant pas la porte. Elle s’était arrêtée, soudain immobile, et, une seconde fois, à la lueur moins tremblante de la chandelle, il la regarda. Elle tenait la rampe, mais son œil ne quittait pas, dans l’angle d’une marche, un gros chat blanc accroupi, dont la pupille phosphorescente s’allongeait inquiète ; et, prise de ce rire muet d’enfant qui commet une niche ou d’ivrogne qui cuve béat, elle levait déjà la jambe, s’apprêtant à envoyer rouler la bête d’un bon coup. Le chat devina la menace et brusquement bondit. Le visage de la vieille exprima une stupéfaction idiote avec la colère dépitée d’avoir laissé échapper l’animal, et elle se hissa paresseusement.

— Hue donc, garce ! cria le contre-maître, exaspéré d’attendre.

La femme n’entendit point ou comprit mal. Elle releva la tête :

— Ces sales bêtes, voyez-vous, geignit-elle la langue empâtée, ça pisse partout !

Alors, elle ouvrit la porte de son logement et Rémy put enfin entrer. Tout d’abord, il porta l’enfant sur son petit lit. En un tour de main, avec une gaucherie touchante, doucement,