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CHARLOT S’AMUSE

pensées de bonheur ! Ô buse et triple buse ! Est-ce que quelqu’un était bon, brave, honnête ? Est-ce que ça existait, l’amitié, le dévouement et le reste ? Ceux qui en étaient capables, comme son père et sa protectrice, mouraient. Pour les autres seulement la vie s’ouvrait souriante, toute large… Et l’on verrait que cette canaille de Leroy reviendrait bien portant de cette Cochinchine, où tant de braves gens laissaient leurs os !… Parbleu ! oui, il reviendrait, faraud, avec des galons, sans doute, et il se vanterait de son voyage, et il le raconterait à son ancien camarade… Ah ! mais non, qu’il ne lui parlât plus, s’il se retrouvait sur sa route, ou sinon il lui casserait la gueule !…

Il jurait à présent, s’excitant à envisager, sous toutes ses faces, la conduite de son ami. Sa douleur se faisait colère et il serrait les poings.

Le sergent de garde vint le tirer de ses sombres réflexions :

— Qu’est-ce que c’est que ce pierrot qui clampine encore au poste de police ? Veux-tu me foutre le camp ?… Allez ! hop ! un homme !… Conduisez-moi ce particulier au bureau du gros-major…

Charlot se releva et suivit un planton. À la porte du cabinet de l’officier, il s’arrêta pour