Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/183

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
CHARLOT S’AMUSE

dégoût de la femme qui est comme le châtiment des solitaires pratiques. Et il s’éloignait, se sentant impuissant à refréner la tentation grandissante. Il allait plus vite, comme pour éteindre l’espèce d’hyperesthésie qui le ressaisissait, excitant en lui un troublant priapisme ; il gagnait la montagne ou remontait la rivière jusqu’à ce qu’il eût trouvé un endroit désert, et, là, après une courte lutte avec lui-même, il cédait aux incitations de son abominable névrose, se vautrant sur le gazon avec une joie farouche et une douloureuse volupté.

Hagard, le malheureux revenait à lui après quelques instants. Il se rhabillait, essuyait son front moite et s’enfuyait loin du lieu témoin de sa chute.

Il courait au hasard, monologuant, pris d’une rage sourde. Il était une fois de plus retombé ! Il avait une fois de plus violé son serment ! Car il se jurait, chaque soir, de ne plus défaillir et de se vaincre enfin. D’autres fois, s’avouant sa lâche faiblesse, il se fixait un délai, réglant à l’avance le nombre de ses accès, les espaçant et s’interdisant de s’y abandonner durant certaines périodes. Réglementation vaine, serments inutiles. Il pleurait.

Cette désespérance se fondant en larmes le