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CHARLOT S’AMUSE

cette idée et il demeurait immobile devant le frère, les yeux baissés, pâle d’émotion. Celui-ci songeait. Enfin, il demanda au petit Parisien l’adresse de sa mère, puis le renvoya après lui avoir tapoté les joues.

Charlot reprit courage et, pendant quelques jours, vécut de la vie calme de la maison, s’amusant comme un bienheureux dans le grand jardin des maristes et n’ayant d’autre travail que deux pages de son catéchisme à apprendre le matin. Il n’était point encore sorti, si ce n’est pour aller à la messe, à deux pas, et se laissant vivre insouciant, sentant un mieux réconfortant l’envahir et dans la fatigue somnolente qui le saisissait chaque soir ne pensant plus à rechercher les mystérieux et écrasants plaisirs.

Un matin, frère Isidore le fit appeler de nouveau. Il avait reçu de Paris la réponse à ses lettres et le curé de Saint-Laurent l’informait que la veuve Duclos avait subitement disparu de l’orphelinat de Passy. Malgré les recherches de la préfecture de police, on n’avait pu retrouver ses traces.

L’enfant apprit la nouvelle sans trop d’émotion ; il commençait à oublier qu’il eût jamais connu sa mère. Le directeur, d’ailleurs, ne lui laissa point le temps de s’attendrir.