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CHARLOT S’AMUSE

du cabinet du marchand de vin, à Saint-Ouen, dont les murailles étaient tapissées d’un papier illustré représentant ces montagnes, ces pins, ces roches, ce châlet même qu’il découvrait au loin.

Il ne manquait là que le lac et pour faire suite, comme sur le papier, l’écumeur de savanes emportant au galop de son cheval noir une femme de blanc vêtue et au long voile, ou un Mazeppa ficelé sur un étalon sauvage et regardant un vol de corbeaux planer sur sa tête.

— Que c’est beau ! s’écria le gamin, l’œil agrandi d’une admiration intense.

Le prêtre sourit sans répondre et referma son bréviaire. On arrivait à Saint-Dié.

Une heure après, Charlot était installé chez les maristes et faisait la connaissance de ses nouveaux maîtres. Ils lui plurent tout de suite, malgré leur visage blême de célibataires reclus. Ne portant point la soutane et le rabat blanc, ils prenaient immédiatement pour l’enfant un caractère plus humain. Il ne songea point à rire de leur longue redingote marron, de leur pantalon noir tombant sur de gros souliers ferrés et de leur chapeau de soie haut de forme, évasé du haut et à bords étroits. Aussi bien, il était abasourdi, tout secoué par