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CHARLOT S’AMUSE

— Cher frère, laissez-nous, je vous prie, fit l’homme à face glabre. Le docteur Perrin et moi avons besoin d’être seuls… puis ce spectacle vous ferait mal.

Hilarion s’inclina et disparut. Les deux médecins examinèrent alors le malade en lui écartant les genoux, puis, sans s’inquiéter de ses cris, s’éloignèrent pour causer.

— Mon cher confrère, disait le grand maigre, excusez-moi ; malgré notre rivalité électorale, je vous ai fait mander, d’abord parce que le cas est fort curieux, fort intéressant, ensuite parce que je serais bien aise de recourir à vos lumières, enfin, parce que je crois qu’il y a nécessité à garder le blessé ici. C’est un frère de la doctrine chrétienne, et la nature de sa blessure, si nous le faisions transporter à l’hôpital, causerait un scandale dont s’empareraient les ennemis de la religion… Or, vous êtes trop respectueux du secret professionnel pour parler de notre consultation à votre loge…

— Sans doute, sans doute, maître André, répondit le docteur Perrin, railleur, il faut avant tout éviter un scandale qui rejaillirait sur l’Église !

Et il se frottait les mains, réjoui dans son vieil anti-cléricalisme, à l’idée que son