Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
125
CHARLOT S’AMUSE

Son supplice prit fin au bout de quatorze jours. Hilarion vint le chercher un matin et l’enfant apprit sans surprise qu’il partirait le soir même pour Saint-Dié, sous la conduite d’un prêtre qui, se rendant dans les Vosges, voulait bien se charger de le remettre à destination. Aussitôt, il fit ses préparatifs, serrant son linge et ses effets dans sa malle, sérieusement, avec soin, comme un petit homme. Il n’éprouvait ni émotion, ni regrets de ce départ soudain. Il n’eut d’étonnement qu’en découvrant, sa besogne finie, que le directeur avait laissé la porte ouverte.

Il descendit, craintif, et se mit à parcourir la maison, comme s’il avait voulu, avant de la quitter, en étudier tous les détails. Il pénétra dans le parloir, se rendant compte, avec un sang-froid et un raisonnement d’homme fait, que ses malheurs avaient commencé là. Puis, ce fut la pierre du vestibule qu’il alla voir. Il n’avait plus maintenant ni dégoût ni révolte, et si le frère Eusèbe l’avait exigé de nouveau, il aurait obéi dans son abrutissement, et docilement léché la crotte de cette marche.

Et à remarquer, dans sa lente promenade, la physionomie des choses, il se rappela son entrée dans la maison. Il avait, déjà alors, cette impressionnabilité nerveuse qui lui faisait