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CHARLOT S’AMUSE

ment la tête entre ses jambes ; puis, sortant un martinet de sa poche, il se prit à fesser avec rage cette blancheur qui l’affolait, frappant toujours plus fort, scandant l’envolée de son bras d’un han entrecoupé et ne cessant de se repaître de la vue de son horrible besogne que pour en contempler l’image réfléchie par la grande glace du parloir.

Aux premiers coups, Charlot avait hurlé de douleur, mais ses cris s’étaient vite éteints ; le frère le serrait plus fort entre ses jambes, l’étranglant d’une étouffante et brutale pression des genoux. Et, pantelant, violet, les yeux hors des orbites, écumant, tirant la langue, le petit martyr, sous le cinglement de l’atroce souffrance, roidissait tout son être et vibrait chaque fois que le martinet s’abattait, lui meurtrissant la chair.

Fatigué, le bras de frère Eusèbe rythmait plus lentement ses coups. L’homme, la face injectée de sang, voyait trouble, visant mal, frappant à côté parfois. Soudain, les fines lanières de cuir tombèrent trop bas, entre les cuisses. La douleur, cette fois, fut si violemment lancinante, si atrocement cuisante que Charlot crut s’évanouir, mais la sensation se faisant plus aiguë, il ne songea plus qu’à s’échapper et à se venger. Avec une force