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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

de nourriture ! À coups de bâton ou de crosse de pistolet, l’escorte s’assure que l’homme et le cheval sont réellement incapables d’avancer ; c’est seulement alors que la charge de la voiture est répartie sur d’autres, à moins qu’une nouvelle victime ne se trouve à portée et continue la route.

Ce matin, notre mélancolique petite existence d’envahis a été animée par une vive émotion.

Les enfants jouaient à quelques pas du salon, quand tout à coup ils se mettent à crier :

« Un ballon ! un ballon ! maman, Berthe, venez vite ! »

En effet, un grand ballon venait de se montrer au-dessus des bois ; il monta assez rapidement, se dirigeant droit vers le nord, il passa en biais au-dessus du parc. Nous nous sommes tous mis à courir dans le même sens que lui, agitant nos mouchoirs, criant : « Français ! Français ! » comme si les personnes qui étaient dans le ballon pouvaient nous entendre. Oh ! comme nous espérions qu’elles laisseraient tomber un journal, un papier quelconque pour nous dire ce qui se passait dans notre cher Paris qu’elles venaient de quitter ! mais le ballon allait bien plus vite que nous, il ne laissa rien tomber et disparut derrière la maison rouge.

À peine l’avions-nous perdu de vue qu’un second ballon sortit à son tour de derrière les mêmes bois, presque au même endroit que le premier. Nous nous