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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

Berthe à André de Vineuil.
Les Platanes, 9 octobre.

Enfin, voici un paquet de lettres et de journaux ! Nous avons de toi le long récit de la fuite du capitaine Herbauld, de mon père et de Maurice des lettres presque quotidiennes sur ce papier mince qui s’appellera dorénavant papier-ballon, puis quelques autres lettres de parents et d’amis, et des journaux anglais et belges. C’est à peine si nous avons terminé l’inventaire de nos richesses.

Il était bien temps de revoir vos écritures, chers absents que vous êtes ! Le découragement nous prenait, et, pour ma part, j’en étais arrivée à croire que la vigilance de nos ennemis ne nous laisserait jamais rien parvenir. Grâce à Dieu, nous voici rassurés. Non-seulement on va bien dans Paris et au Mans, mais puisque des lettres ont pu passer une fois, elles passeront une seconde et une troisième. Nous tâcherons de ne plus désespérer.

Que je te le dise au plus vite, tout va bien ici. Voici plusieurs jours que nous n’avons eu de Prussiens à loger ; quelquefois une compagnie ou un escadron en promenade réclame un repas, on le sert