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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

vrais-je dire, — car, rassurez-vous, c’est de l’état militaire ce que je quitterai le plus volontiers.

Monsieur de Vineuil à madame de Vineuil.
Paris, 21 septembre.

Le combat d’avant-hier, à Châtillon, nous a trop bien montré que la lutte en dehors de la ligne des forts est impossible. Les zouaves (un nouveau régiment ) ont lâché pied, la mobile s’est bien battue, mais il n’en reste pas moins prouvé qu’il faut nous aguerrir à l’abri de nos murs avant de mesurer nos jeunes troupes à ces soldats victorieux. L’ennemi a occupé Sèvres et Saint-Cloud. — Il n’y a rien eu du côté de Maurice. — Toutes les troupes sont retirées sous le canon des forts ou dans Paris.

C’était déjà triste, mais voici plus triste encore : la demande d’armistice a échoué, — La Prusse veut l’Alsace et la Lorraine par droit de conquête ! Demain matin cela sera su dans la ville. On craint des manifestations en faveur de la paix. J’ai meilleur espoir, je crois que l’esprit public, qui eût pu hésiter devant des conditions généreuses, va frémir et se redresser devant la lâcheté qu’on lui propose. Il y a là un affront qui nous unira dans une même indignation,