Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/329

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

313
UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

haute voix. Maurice lui sourit et répétant ses derniers mots : « Là où il n’y aura plus ni deuil, ni tristesse, ni défaite, là où le Sauveur essuiera toute larme de nos yeux !… Dites donc à mon père que c’est bien… » Et il retomba dans son accablement. Dans la soirée les divagations revinrent. Le regret de son bras coupé se faisait jour, puis il parlait d’André avec agitation. À d’autres moments, c’était sa foi d’enfant qu’il exprimait, et son père recueillait précieusement chaque parole d’espoir en Celui dont le disciple a écrit : « Il a mis sa vie pour nous, nous devons donc aussi mettre notre vie pour nos frères. »

Au matin du mardi 31 janvier, tout était fini pour ce monde ; l’ambulance tout entière s’associait à un tel deuil et même les hommes de service, eux qui avaient tant vu mourir, faisaient silence en passant devant cette dépouille glorieusement mutilée.

Ce jour-là était celui de la réception de la valise de M. Washburne.

Voici la lettre qui fut remise à M. de Vineuil :

18