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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

voici. Comme la mienne, elle ne sera terminée qu’après tout danger passé. Il a entendu de nouveau mon petit sermon contre la recherche des coups d’éclat.

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Ces lettres du 18 ne furent jamais envoyées, et il nous faut raconter nous-même brièvement, simplement, les derniers jours de janvier.

Dans la nuit du 18 au 19, les troupes, mêlées de garde nationale mobilisée, furent concentrées avec quelque peine hors de nos lignes, en face des positions désignées à leur attaque.

Avant le jour, elles ouvrirent le feu au milieu d’un brouillard intense qui augmentait les difficultés de leurs mouvements. Néanmoins, les hauteurs de Montretout furent occupées dans la matinée par le général Vinoy. Le général Ducrot lutta de Garches à Buzenval pendant plusieurs heures et se maintint à force de sacrifices. Maurice de Vineuil, qui l’accompagnait, ne se ménageait pas. Il avait mis pied à terre, et trois fois on le vit se mêler aux gardes nationaux et aborder avec eux le redoutable mur du parc de Buzenval.

À quatre heures du soir, un immense effort de l’ennemi nous rejetait définitivement en arrière. Des batteries d’artillerie appelées en hâte pour couvrir la retraite n’arrivaient pas : les roues s’enfonçaient jusqu’au