Page:Boissonnas, Une famille pendant la guerre, 1873.djvu/208

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

192
UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

-peu ; — peut-être pensait-il à ma marmite ; la troupe est partie du côté du nord, probablement vers ses vivres.

La grande question, une fois notre souper sauvé, était de se garantir du vent froid qui entrait par les fenêtres qui avaient presque toutes des vitres cassées. Les idées ne manquaient pas, mais pour tous les systèmes de fermeture, il aurait fallu quelque chose qui nous faisait défaut. Point de planches, point de toiles, point d’autres couvertures que celles des lits. Nous essayâmes des châssis à melons qui, chose singulière, et probablement parce qu’ils étaient empilés les uns sur les autres dans une cave, n’étaient point brisés. Les premiers que l’on dressa aux fenêtres volèrent en éclats au bout d’un quart d’heure. Les canons prussiens avaient été avancés pour battre Chevilly même et leurs obus passaient sur nous ; tu juges de la commotion. En allant remettre en place les châssis sans carreaux, Roland vit les stores de bois verts de la serre. Ce fut une inspiration. En les maintenant en haut et en bas de la fenêtre, cela garantissait au moins du vent. Nous prîmes aussi le tapis de l’escalier, auquel personne n’avait jusque-là songé, il fournit à lui seul la fermeture de quatre fenêtres. Avec tout cela, et des feux énormes partout, nous n’arrivons pas encore à tiédir l’air.

Nos arrangements viennent de finir, ma chère sœur ; si nous pouvons dormir, nous dormirons près