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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

-être au delà de la muraille de fer qui nous enveloppe.

Même jour, soir. — Le malheureux Cadet était rentré chez lui aujourd’hui pour remettre un peu d’ordre dans les débris de son ménage. Il était là depuis un instant, quand cinq hussards sont entrés, ont fermé la porte qui peut être vue de la route, se sont jetés sur lui, l’ont étendu par terre, et trois d’entre eux le tenant couché sur le dos, les autres lui ont ôté les bottes qu’il avait aux pieds. Ils lui ont pris aussi sa veste et sont partis. Cadet était encore là tout consterné de son aventure, quand un officier entre et lui ordonne de tirer de l’eau pour son cheval. Or on avait volé ses seaux et jeté sa corde au fond du puits. Il voulut s’expliquer, l’officier répétait : « Ah ! vous nous refusez de l’eau ! » et levait son sabre. Je crois que l’émotion a été forte pour le pauvre homme, il se déclare malade.

À T…, on avait dévalisé l’institutrice ; mais le curé qui avait logé des officiers supérieurs a réclamé près d’eux, et on a rendu ce qui a pu se retrouver. Dans les autres maisons du village on a emporté jusqu’aux bouteilles vides ; mais le maire s’est très-bien montré et a évité de plus grands malheurs.

25. — M. B… vient de recevoir des nouvelles de sa maison. On lui a pris deux chevaux, trois voitures, toute sa cave et les objets qui, à l’intérieur de l’habitation, ont convenu aux vainqueurs. Pendant que