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UNE FAMILLE PENDANT LA GUERRE.

d’autres signes, que la chose elle-même n’est guère mieux connue. Ce serait le cas, quand on n’a plus que cela à sauver, de repopulariser parmi nous cette grande idée de l’honneur français et de lui faire tenir la place accaparée naguère par les mots de triomphe et de prospérité.

Quoi qu’il en soit, et malgré la difficulté réelle de soutenir l’intérêt des foules avec un nombre de sujets très-restreint, les conférences populaires réussissent. Quelques-uns de nos pasteurs ont été des premiers sur la brèche avec M. Legouvé, l’abbé Duquesnay et bien d’autres ; à leur aide est arrivé M. Vitet avec un admirable article qu’il faudrait répandre à profusion. La Revue des Deux Mondes est un cadre trop étroit pour cette grave et ferme parole dont toutes les couches de la population parisienne ont un besoin égal. Voilà qui est bienfaisant, mais non pas les lectures publiques des Châtiments qui se font au Théâtre-Français. On comprend que la tentation ait été forte pour le poëte, mais son œuvre perd sa dignité à s’étaler en ce moment :

« La haine d’un grand peuple est une haine grande
Qui veut que le pardon au sépulcre descende,
Et n’a pour ennemis que ceux qui sont debout… »

avait dit Victor Hugo lui-même, il semble l’oublier maintenant.