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Un Vaincu.

Nord rendait les étoffes, les chaussures, tous les produits de son industrie. La guerre avait rompu l’accord, et les États du Sud, avec leurs ports strictement bloqués, sans machines chez eux, sans ouvriers autres que leurs nègres agriculteurs, ne savaient comment utiliser les débris de leurs richesses.

En vain, le général Lee demandait-il pour ses soldats les vêtements et les chaussures que la simple humanité eût prescrit de leur donner ; le président Davis ne pouvait lui rien fournir. Lee réclamait des recrues, des officiers, de l’artillerie, des chevaux, et bien loin de pouvoir lui envoyer de quoi augmenter son effectif, le président le diminuait de plusieurs régiments, demandés avec instance par la population de la côte de l’Atlantique, que menaçait un débarquement de l’ennemi.

Ainsi, non-seulement le général Lee devait se suffire à lui-même, mais l’hiver pendant lequel les armées du Nord perfectionnaient leur armement et doublaient leur effectif, l’hiver n’amenait pour lui qu’un inévitable et considérable affaiblissement. Il savait quel danger grossissait non