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Un Vaincu.

velle ardeur s’empare des Confédérés, jusqu’à six heures ils luttent, et gagnent pied à pied, pouce à pouce, le terrain que défendent bravement les Fédéraux. À ce moment, pour profiter des dernières heures du jour, Lee concentre toutes ses forces en face des collines dentelées dont ses adversaires conservent encore les sommets, et les lance à un suprême assaut. Cette fois, les soldats du Nord cèdent, rompent, et jugeant la bataille perdue, mettent le fusil sur l’épaule et abandonnent délibérément leur poste[1].

En vain leurs généraux se jettent sur leur passage et veulent les ramener au feu, l’épreuve avait été trop grande pour ces soldats improvisés ; ils persistent à tourner le dos à l’ennemi.

Trois Français venus d’Europe dans le noble dessein d’aider à l’affranchissement des noirs, ser-

  1. M. le prince de Joinville, Campagne du Potomac, p. 187. « Il n’y a pas panique, on ne court pas avec l’effarement de la peur ; mais sourds à tout appel, les hommes s’en vont délibérément, le fusil sur l’épaule, comme des gens qui en ont assez et qui ne croient plus au succès. »