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la suppression des académies en 1793.

vote pas pour les protégés de ces dames, elles ne se possèdent plus de colère. La duchesse de Gontaut, qui tenait beaucoup à l’élection de Ramsay, l’ami de Fénelon, s’en prenait de son échec à d’Olivet, qui s’était engagé à le soutenir et qui avait manqué à sa parole. D’Olivet lui adressa, pour l’apaiser, des excuses assez piteuses, auxquelles la duchesse répondit par des impertinences. Les deux lettres coururent le monde, qui en rit de bon cœur[1].

C’étaient assurément des intrigues fort mesquines, et l’on avait raison de s’en moquer. Elles ont pourtant l’avantage de nous montrer que toutes les railleries par lesquelles on essayait de déconsidérer l’Académie n’empêchaient pas qu’on souhaitât passionnément d’en être. L’empressement qu’on témoignait pour elle scandalisait ceux qui ne l’aimaient pas et ils éprouvaient quelque embarras à s’en rendre compte. Pour lui trouver un prétexte plausible, ils l’attribuaient aux caprices de la mode. La mode, « souveraine absolue chez une nation sans principes », faisait un devoir aux

  1. Les récits de ces intrigues électorales se retrouvent dans la Correspondance de Grimm et les Mémoires du temps. Je me suis beaucoup servi des Portefeuilles du président Bouhier, qui ont été très bien publiés par le prince Emmanuel de Broglie.