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l’académie française sous l’ancien régime.


II

Il me reste à parler de l’Académie française. J’aurais beaucoup à en dire, car c’est à elle qu’on en voulait surtout, et on ne les a toutes frappées que pour être sur de l’atteindre. Il nous faut donc avant tout chercher les causes de cette malveillance qu’on avait pour elle.

Elle était la plus ancienne et la plus célèbre de toutes ; elle éclipsait les autres, et quand, en causant, on disait : « l’Académie », sans rien ajouter, tout le monde savait bien que c’est d’elle qu’on voulait parler. Cette situation qu’elle occupait dans l’opinion publique devait naturellement lui faire beaucoup de jaloux. Elle en eut presque avant de naître, lorsqu’elle n’existait qu’en projet ; elle n’avait pas encore obtenu l’approbation du Parlement, que les beaux esprits et les poètes de ruelle, dont elle n’avait pas voulu, la criblaient de leurs épigrammes. On écrivait contre elle, sans même savoir exactement son nom, des pamphlets et des comédies[1]. Elle avait eu le bon esprit de décider,

  1. Voir la Comédie des académistes, de Saint-Evremond.