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l’académie française sous l’ancien régime.

tenté de croire que la popularité de l’Académie des sciences, qui était si solidement établie, n’a pas pu être ébranlée par ces sottises ineptes. Cependant, quand on regarde de près, il faut avouer que la conduite hésitante, embarrassée, de la Commission d’Instruction publique, que l’affaire regardait, donne à réfléchir. Assurément elle souhaitait sauver l’Académie des sciences, elle la respectait, elle l’honorait, elle la trouvait utile à la République et sentait qu’on aurait quelque peine à se passer d’elle. Mais quand il s’agit de la défendre ouvertement, de proposer qu’elle soit exemptée des mesures qu’on prend contre les autres, on n’en a pas le courage, et l’on n’agit qu’en cachette. Nous voyons, par exemple, qu’en 1792 elle est comprise dans le décret qui leur interdit à toutes de remplacer les membres qu’elles ont perdus ; mais en même temps on lui fait savoir que ce décret ne la concerne pas, qu’on lui permet de ne pas l’appliquer, et elle continue en effet à faire ses élections comme autrefois. Si la commission n’agit pas avec plus de franchise, si elle se contredit et se cache, c’est évidemment qu’elle se heurte à un courant d’opinion qui l’inquiète. Elle redoute ceux qu’on appelle les enragés, qui demandent qu’on ne laisse rien debout de l’an-