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l’académie française sous l’ancien régime.

accusait de l’indifférence du public les injustices de l’Académie, il résolut de se venger et exhala contre elle toutes ses rancunes dans un pamphlet violent. J’en citerai quelques phrases pour faire connaître de quelle façon il la traite : « Elle a pris, dit-il, pour symbole un soleil radieux et pour devise cette modeste épigraphe : Invenit el perfecit, non qu’elle ait jamais fait aucune découverte ou qu’elle ait jamais rien perfectionné, car il n’est sorti de son sein qu’une lourde collection de mémoires avortés, qui servent quelquefois à remplir un vide dans les grandes bibliothèques. En revanche, elle s’est assemblée 11409 fois, elle a publié 380 éloges, elle a donné 3965 approbations tant sur de nouvelles recettes de fard, de pommades pour les cheveux, d’emplâtres pour les cors, d’onguents pour les punaises, que sur la forme la plus avantageuse des faux toupets, des têtes à perruque, des canules de seringues, et sur mille autres objets dé pareille importance ; travaux glorieux, bienfaits pour nous consoler des sommes immenses qu’elle nous coûte annuellement[1]. Prise collectivement, elle doit être regardée comme une société d’hommes

  1. Le budget de l’Académie des sciences, en 1790, montant 83458 livres.