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l’académie française sous l’ancien régime.

et mettre aux ordres du despotisme une érudition faussaire ». Dès lors ses membres les plus connus, Mabillon, Secousse, Foncemagne ne s’occupent qu’à glorifier la vieille royauté. C’est bien le moment ! Ne se sont-ils pas avisés de prétendre que c’était au Roi seul qu’appartenait le pouvoir législatif, et de condamner d’avance l’Assemblée nationale qui l’attribue à la nation. On voit bien que l’Académie à laquelle ils appartiennent est la fille de l’Académie française, « et une fille, ajoute Chamfort, digne de sa mère par le même esprit d’abjection ».

Au contraire, l’Académie des sciences jouissait partout d’une faveur incontestée et qui s’explique aisément. L’esprit scientifique, étant de sa nature ouvert aux nouveautés et tourné vers l’avenir, convenait à une époque qui voulait s’affranchir des traditions et s’était mise en révolte contre le passé. C’est sur cet esprit que s’appuient les novateurs, et l’on peut dire qu’il est l’âme même de l’Encyclopédie. L’engouement s’accrut encore, dans la seconde moitié du siècle, par de belles découvertes qui tenaient l’attention publique en haleine : celles de Franklin sur l’électricité, et, à la veille même de la Révolution, l’invention des aérostats. Ces