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la suppression des académies en 1793.

y trouve notamment les principaux ministres du Roi, le cardinal Dubois, le cardinal de Fleury, Pomponne, Daguesseau, Maurepas, etc. : c’était une mauvaise note à la veille de la Révolution. Vers la même époque, un reproche plus grave lui fut adressé, dont Chamfort, dans son Discours sur les Académies, s’est fait l’écho. On sait qu’elle avait été créée pour perpétuer la gloire de Louis XIV par des médailles, des devises, des inscriptions, et qu’elle se trouva un peu dépourvue à la fin du règne, quand les revers succédèrent aux victoires. Elle eut alors l’idée d’occuper son temps aux antiquités judaïques, grecques et romaines, dont elle fit l’objet de ses recherches. « Eh ! que ne s’y bornait-elle, dit Chamfort ; nous étions si reconnaissants d’avoir appris par elle ce qu’étaient, dans la Grèce, les dieux Cabires ; quels étaient les noms de tous les ustensiles composant la batterie de cuisine de Marc-Antoine ! Nous applaudissions à la découverte d’un vieux roi de Jérusalem, perdu, depuis dix-huit cents ans, dans un recoin de la chronologie ! » C’étaient au moins des travaux innocents. Malheureusement elle imagina d’y joindre l’étude des antiquités françaises, et ce fut « pour empoisonner les sources de notre histoire