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l’académie française sous l’ancien régime.

La première servait d’antichambre, l’Académie siégeait dans l’autre. Lorsque, sur la proposition de Perrault, on décida d’admettre le public à entendre le remerciement que le nouvel académicien adressait à ses confrères, on se contenta d’ouvrir les portes « à tous les honnêtes gens ». Mais en 1713, quand on eut remplacé les sièges ordinaires par des fauteuils qui prenaient plus de place[1] et sans doute aussi quand l’affluence du public devint plus considérable, on se transporta dans la première salle, qui pouvait contenir plus de monde. Le milieu était occupé par une table longue, « ornée d’un beau tapis ». À l’une des extrémités se tenait le directeur, entre le chancelier et le secrétaire perpétuel ; à l’extrémité opposée, le récipiendaire, et les académiciens des deux côtés. Tout était réglé d’avance avec un soin minutieux. Quand tout le monde est assis, l’huissier va chercher le récipiendaire qui attend dans

  1. Jusqu’en 1713, il n’y avait de fauteuils, à l’Académie, que pour les officiers, c’est-à-dire pour le directeur, le chancelier et le secrétaire perpétuel ; les autres étaient assis sur des sièges ordinaires ; mais les cardinaux, qui jugeaient qu’une chaise ne convenait pas à leur dignité, ayant déclaré qu’ils n’assisteraient plus à aucune séance si un fauteuil ne leur était réservé, l’Académie tourna la difficulté en décidant qu’il y en aurait pour tout le monde. Louis XIV, qui prisait beaucoup l’égalité académique, s’empressa d’approuver cette spirituelle décision.