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l’académie française au XVIIe siècle.

que les plus illustres, dont les ouvrages auraient pu prouver qu’on n’avait rien à envier à l’antiquité, se mettaient humblement au-dessous d’elle, en sorte que la cause des modernes ne pouvait se flatter de triompher que grâce à ceux mêmes qui la combattaient avec le plus d’acharnement.

Il règne enfin, à propos de cette querelle, une sorte de préjugé qui ne me paraît pas tout à fait juste. On a l’habitude de se figurer les partisans des anciens comme des pédants, esclaves des traditions, qui ne détachent pas les yeux du passé, et les autres comme des amis du progrès, toujours tournés vers l’avenir. Pour beaucoup d’entre eux, on se trompe. Personne ne déteste autant le pédantisme que La Bruyère, personne n’aime plus l’originalité et la nouveauté. C’est au point que même cette langue admirable de Bossuet, si large, si ample, si majestueuse, ne le contente pas entièrement. Il songe à la rendre plus souple, plus vive, plus propre à la réplique et à l’escarmouche, à y mettre plus de ligures et plus de traits. C’est le sens de cette pensée célèbre où, après avoir indiqué les progrès que le style a faits depuis vingt ans, il conclut en disant « qu’on a mis dans le discours tout l’ordre et toute la