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l’académie française au XVIIe siècle.

réalisées : « Il avait succédé à la langue latine, comme la latine à la grecque ».

Mais pour que le français s’imposât ainsi à l’estime de l’Europe, on sentait bien qu’il fallait en faire une langue aussi parfaite que possible, et qu’avant tout, il avait besoin d’être pourvu d’un bon dictionnaire. On se mit sérieusement à l’œuvre à partir de 1639, quand Vaugelas fut chargé du travail, et reçut pour le faire une pension de 2 000 livres. Personne n’en était plus capable que lui ; il semblait s’être préparé pendant toute sa vie à la tâche que l’Académie devait lui confier ; il avait un système arrêté, des principes qu’il fit prévaloir, et s’il n’a pas eu le temps de pousser bien loin son ouvrage, ses successeurs ont suivi jusqu’à la fin l’impulsion qu’il avait donnée.

Quand on entreprend de faire un dictionnaire, il est naturel qu’on se demande d’abord s’il y a une autorité qu’on puisse consulter dans les cas douteux et dont les décisions soient souveraines. Horace répond qu’il faut se conformer à l’usage : « C’est l’arbitre et le maître des langues ». Mais l’usage n’est pas le même partout, il change avec les milieux ; quel est celui qu’il faut suivre et