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l’académie française au XVIIe siècle.

devenue vacante, l’Académie s’empressa d’y nommer Boileau. Quand le directeur vint l’annoncer au roi, il répondit « que le choix lui était très agréable et qu’il serait généralement approuvé », puis il ajouta : « Maintenant vous pouvez recevoir La Fontaine. »

On voit à quel point le roi avait pris son rôle au sérieux. Il se tenait au courant de tout ce qui se passait à l’Académie ; il voulait que le règlement y fut respecté, il trouvait moyen de savoir si l’on avait été en nombre dans une élection, et si tout s’était passé dans l’ordre. Il répétait sans cesse qu’on ne devait avoir égard qu’au mérite et ne céder à aucune sollicitation de quelque côté qu’elle vînt. « L’Académie, disait-il, choisira toujours de meilleurs sujets d’elle-même qu’elle n’en prendra à la prière et à la recommandation. » Il exigeait qu’elle fut respectée et regardait comme une sorte d’insulte personnelle les outrages qu’on lui faisait. Quand M. de Lamoignon commit l’impertinence de refuser un siège qu’on lui avait donné, il lui fit adresser une lettre très sèche, et, pour que la réputation de la compagnie n’eut pas à en souffrir, il voulut que le cardinal de Rohan sollicitât la place que le premier président avait