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parlé avec un peu de chaleur, mais que du reste tout s’était passé avec tranquillité et dans les formes ordinaires ; que là-dessus ayant voulu expliquer à Sa Majesté quelles étaient ces formes, elle l’avait interrompu en lui disant qu’elle les savait fort bien, mais que pour ce coup elle n’était pas encore bien déterminée et qu’elle ferait savoir ses intentions à l’Académie[1]. »

Evidemment le roi était peu satisfait qu’on n’eut pas choisi Boileau : c’était lui qui l’avait décidé à se laisser mettre sur les rangs en lui disant : « Il faut que vous soyez de l’Académie ». Il est pourtant probable qu’il aurait pris son parti de l’échec de son candidat, s’il n’avait pas cru que c’était l’effet d’une cabale. Il pouvait penser que tout ce qui restait de l’ancienne école avait manœuvré pour exclure Boileau ; il ne voulait pas que l’Académie devînt une coterie étroite qui ne s’ouvrît qu’aux gens d’un certain parti, et en cela il avait bien raison. Du reste, il faisait grand cas de La Fontaine, et ce qui prouve qu’il n’avait aucun mauvais vouloir contre lui, c’est ce qui se passa six mois plus tard. Une place étant alors

  1. Registres, In p.217-218 (20 nov. 1683)