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l’académie française au XVIIe siècle.

Coislin, son petit-fils, qui donnait de belles espérances, et, quoiqu’il n’eût encore que dix-sept ans, une place étant venue à vaquer à l’Académie, il la demanda pour lui sous prétexte « qu’il ne croyait pas pouvoir mieux cultiver l’inclination que ce jeune seigneur témoignait pour toutes les belles connaissances ». La compagnie, dit Pellisson, ayant agréablement reçu cette proposition, l’élection fut faite huit jours après par billets, qui se trouvèrent tous favorables. Armand de Coislin était alors le plus jeune de l’Académie ; il se trouvait en être le doyen en 1702, lorsqu’il mourut ; il fut successivement remplacé par ses deux fils, en sorte que sa famille occupa sans interruption le même fauteuil jusqu’en 1733. À côté des Coislin ont siégé trois d’Estrées, trois Rohan, deux Richelieu, deux Saint-Aignan, un La Tremoille, un Montmorency, les plus grands noms de la noblesse française [1]. Tout le monde paraît d’accord à reconnaître que la présence des grands seigneurs à l’Académie n’a pas été sans importance pour relever la condition des gens de lettres. Sans doute ceux-ci étaient admis déjà dans les salons du

  1. Ajoutons-y deux princes de la maison de Bourbon, le comte de Clermont et le duc d’Aumale.