Page:Boissier - L’Académie française sous l’ancien régime, 1909.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
l’académie française sous l’ancien régime.

Avec ceux-là entrèrent quelques personnages qui appartenaient à l’administration et à la magistrature, des conseillers au Parlement, des avocats généraux, des maîtres des requêtes, des conseillers d’Etat. Ces fonctions étaient d’ordinaire occupées par des hommes très versés dans l’étude des lettres classiques et qui les cultivaient volontiers à leurs heures de loisir ; ils n’étaient donc pas déplacés à l’Académie. Dans le nombre se trouvait Abel Servien, le sous-secrétaire d’État de la guerre, celui qui négocia plus tard les traités de Westphalie. Tous ces gens-là, dont le nom est aujourd’hui moins connu, faisaient alors grand honneur à la nouvelle compagnie. Mais sa plus illustre conquête fut celle de l’homme qui occupait, après le cardinal, une des plus hautes situations dans l’État. Le garde des sceaux, Séguier, qui fut dans la suite chancelier de France, désira d’en faire partie. Voulait-il seulement flatter son maître en demandant une place dans la compagnie dont il était le protecteur ? Beaucoup le pensèrent, et le rusé courtisan était bien capable de cette manœuvre. Mais comme, après tout, il aimait les lettres, qu’il se piquait lui aussi de protéger les beaux esprits, qu’il en logeait plusieurs dans son