Page:Boissier - L’Académie française sous l’ancien régime, 1909.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
14
l’académie française sous l’ancien régime.

celui d’un parent, d’un ami, et les autres approuvaient. Ce qui montre bien qu’on avait égard surtout à des relations personnelles plus qu’au mérite réel, c’est qu’on ne s’avisa de nommer deux des plus grands écrivains de l’époque, Balzac et Voiture, qu’après en avoir pris beaucoup d’autres. Assurément il se trouvait, parmi les élus, des gens de lettres, Maynard, Saint-Amand, Colletet ; mais il y en avait d’autres aussi, et en grand nombre. Comme on allait vite et un peu au hasard, il était naturel qu’on fût tout d’abord attiré vers les noms qui faisaient alors le plus de bruit dans le monde. Les auteurs de pamphlets et de factums politiques tenaient dans la société de ce temps la place qu’occupent aujourd’hui les journalistes. Le cardinal ne poursuivait pas seulement ses ennemis avec ses armées ; il leur faisait une guerre de plume qu’il poussait aussi énergiquement que l’autre. Aux attaques qui venaient de Bruxelles il opposait des réponses qui partaient de Paris, et ces combats n’excitaient pas moins que les batailles véritables la curiosité du public. On ne se contentait pas toujours d’employer des armes légères ; il arrivait souvent qu’on échangeât de gros livres, hérissés d’histoire ou de