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l’académie française sous l’ancien régime.

pas d’un cercle très restreint. Aussi les amis de Conrart s’étaient-ils engagés à ne parler de leur réunion à personne, et pendant quelque temps ils tinrent exactement leur parole. Malleville fut le premier qui y manqua ; par ses indiscrétions il donna à Faret le désir de s’introduire dans la petite société ; Faret à son tour y amena Desmarets Saint-Sorlin et Boisrobert. Cette fois l’indiscrétion était grave et devait avoir des suites importantes. Boisrobert vivait dans la familiarité du cardinal de Richelieu et il avait pour principale fonction de le distraire et de l’égayer. En l’absence des gazettes, qui ne commencèrent d’exister qu’un peu plus tard, il le tenait au courant de toutes les petites nouvelles de la ville et de la cour[1]. On pense bien qu’il ne négligea pas de lui parler de la réunion à laquelle on l’avait admis. Richelieu, dont l’esprit était fécond en projets et qui sans doute avait déjà songé à trouver quelque moyen d’organiser la littérature, comme tout le reste, fut frappé des paroles de Boisrobert ; il vit tout de suite le parti qu’on pourrait tirer de cette

  1. Tous ces récits prenaient dans la bouche de Boisrobert un charme particulier ; il excellait à raconter. « Il avait souverainement, nous dit d’Olivet, le don de cette niaiserie affectée qui est familière à Caen. »