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l’académie française sous l’ancien régime.

chez lui qu’ils prirent l’habitude de se réunir. Leur nombre n’était pas considérable ; Pellisson nous en a laissé la liste. Ils étaient neuf, de professions différentes, les uns attachés à la maison de quelque grand personnage, comme secrétaires ou clients, ou, pour parler la langue du temps, en qualité de « domestiques », d’autres portant le petit collet et pourvus de quelque bénéfice qui les faisait vivre, mais tous fort épris des lettres et faisant leur unique métier de les cultiver. La plupart composaient de petits vers, qui d’ordinaire n’étaient pas imprimés, et qu’ils allaient lire dans les réunions de gens du monde. C’était alors un moyen sûr de se mettre en renom. Voiture, qui fut le roi des gens d’esprit de son temps, et dont la réputation se répandit de salon en salon jusque dans les pays étrangers, n’avait pas publié une ligne ; c’est après lui que son neveu songea à recueillir ses lettres et les fit paraître chez Courbé. On comprend que d’autres, pour qui on n’a pas pris la même précaution, soient aujourd’hui parfaitement inconnus, après avoir été presque célèbres de leur vivant. Dans la liste des amis de Conrart, telle que nous la donne Pellisson, il n’y a guère que le nom de Chapelain