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l’académie française au XVIIe siècle.

dans les ordres et devint évêque de Grasse, vivait à Dreux, où il était né, et composait des vers galants qui faisaient l’admiration de ceux auxquels il voulait bien les montrer. Mais il ne lui suffisait pas d’être admiré dans sa petite ville, et il désirait se faire connaître aux beaux esprits de Paris. Précisément, il était le cousin de Conrart, un secrétaire du roi, qui cultivait aussi les Muses et fréquentait beaucoup les gens de lettres. À sa demande Conrart en rassembla quelques-uns chez lui, et Godeau vint leur lire ses poésies. Il faut croire que cette réunion leur causa un plaisir très vif, puisqu’ils désirèrent la renouveler. « Comme ils étaient logés, nous dit Pellisson, en divers endroits de Paris, et ne trouvaient rien de plus incommode, dans cette grande ville, que d’aller souvent se chercher les uns les autres sans se trouver, ils résolurent de se voir un jour de la semaine chez l’un d’eux[1]. » Conrart demeurait au coin de la rue Saint-Martin et de la rue des Vieilles-Etuves, « au cœur de la ville », à peu près à égale distance des autres ; il était commodément logé pour recevoir ses amis ; c’est donc

  1. Pellisson, Hist. de l’Acad. franc., p. 8.