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donné à 320 mille habitants de Rome soixante deniers par tête (48 fr.). Pendant mon quatrième consulat, j’ai fait prélever sur le butin et distribuer dans les colonies formées de mes soldats mille sesterces (200 fr.) pour chacun d’eux. Environ cent vingt mille colons reçurent leur part dans cette distribution qui suivit mon triomphe. Consul pour la treizième fois, j’ai donné 60 deniers à chacun de ceux qui recevaient alors des distributions de blé. Il s’en trouva un peu plus de deux cent mille. » Après ces largesses vraiment effrayantes, Auguste mentionne les jeux qu’il a donnés au peuple, et, quoique le texte offre ici quelques lacunes, on peut supposer qu’il ne lui en a pas moins coûté pour l’amuser que pour le nourrir. « J’ai donné des spectacles de gladiateurs… fois[1] en mon nom, et cinq fois au nom de mes enfants ou petits-enfants. Dans ces différentes fêtes, environ dix mille hommes ont combattu. Deux fois en mon nom, et trois fois au nom de mon petit-fils, j’ai fait combattre des athlètes que j’avais fait venir de tous les pays. J’ai célébré des jeux publics quatre fois en mon nom et vingt-trois fois à la place des magistrats qui étaient absents, ou ne pouvaient pas suffire aux frais de ces jeux… J’ai fait voir, vingt-six fois en mon nom ou au nom de mes fils et petits-fils, des chasses de bêtes d’Afrique, dans le cirque, au forum, ou dans les amphithéâtres, et l’on y a tué environ trois mille cinq cents de ces bêtes. J’ai donné au peuple le spectacle d’un

  1. Le chiffre n’a pu être lu. On remarquera le grand nombre de gladiateurs qui avaient combattu, et qui sans doute avaient péri dans ces fêtes sanglantes. Sénèque, pour montrer à quel point on peut devenir indifférent à la mort, raconte que, sous Tibère, un gladiateur se plaignait de la rareté de ces grands massacres ; et faisant allusion à l’époque d’Auguste, disait : C’était le bon temps ! Quam bella agitas perdit !