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CÆLIUS
LA JEUNESSE ROMAINE AU TEMPS DE CÉSAR



Il n’y a peut-être pas, dans l’histoire que nous étudions, une figure plus curieuse que celle de Cælius. Sa vie présente pour nous un intérêt tout particulier. Ce n’était pas, comme Brutus, une brillante exception parmi ses contemporains ; il est, au contraire, tout à fait de son temps ; il a vécu comme on vivait autour de lui. Toute la jeunesse d’alors, les Curion, les Dolabella, lui ressemblent. Ils sont tous, comme lui, corrompus de bonne heure, peu soucieux de leur dignité, prodigues de leur bien, amis des plaisirs faciles ; tous se jettent, dès qu’ils le peuvent, dans la vie publique avec une ambition inquiète, de grands besoins à contenter, peu de scrupules et point de croyances. Son histoire est donc celle de tous les autres, et l’avantage qu’on trouve à l’étudier, c’est de connaître d’un coup toute la génération dont il faisait parti. Or, cette étude nous est facile, grâce à Cicéron. Malgré tant de différences de conduite et de principes, Cicéron a toujours éprouvé pour Cælius un attrait singulier ; il aimait la conversation de cet