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Le fief de Beaulieu, qui occupe une longueur de quarante arpents, sur toute la largeur de l’île, fut primitivement concédé par Jacques Gourdeau, écuyer, sieur de Beaulieu, le ler mars, 1652. Outre plusieurs qualités qui faisaient de lui un brave gentilhomme, le sieur Gourdeau était un habile artificier. Nos anciennes chroniques nous en conservent un bon témoignage. (Relations des Jésuites, année 1637.) C’était à l’occasion de la fête de Saint Joseph, père, patron et protecteur de la Nouvelle-France. On sait que nos pères la considéraient comme l’une des plus grandes solennités, et qu’ils n’épargnaient rien de ce qui pouvait en rehausser l’éclat. Citons une page qui ne peut qu’intéresser la curiosité du lecteur.

« D’vn costé on avait dressé vn pan, sur lequel paroissait le nom de saint Joseph en lumières ; au-dessus de ce nom sacré brilloient quantité de chandelles à feu d’où partirent dixe-huict ou vingt petits serpenteaux, qui firent merveille. On auoit mis derrière cette première inuention quatorze grosses fusées, qu’on fit enleuer les vnes après les autres, avec l’estonnement des François et bien plus des sauvages, qui n’auoient iamais rien veu de semblable ; ils admiraient la pluie d’or, ou de feu, et les estoiles retomboient de fort haut. Le feu des fusées se portant tantost tout droit, maintenant comme en arcade, et touiours bien haut dedans l’air.

« Assez proche de là, on auoit dressé vn petit chasteau,