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N’est-ce pas là une invention aussi merveilleuse en son genre que celles du téléphone et de la télégraphie sans fil et destinée comme elles à hâter les progrès de la civilisation par le rapprochement des intelligences et des activités humaines sur toute la surface de la terre ?

Pour remplir un tel rôle, il faut évidemment que la langue internationale auxiliaire soit extraordinairement facile, et c’est une des raisons, sans parler de l’indispensable neutralité, pour lesquelles il est impossible de choisir à cet effet l’une quelconque des langues naturelles et nationales.

À ce point de vue l’Esperanto est un véritable chef-d’œuvre. Quelques heures suffisent pour en apprendre la grammaire ; en quelques jours on devient capable de traduire un texte à livre ouvert ; il ne faut pas plus de deux ou trois mois pour pouvoir écrire ou même parler couramment.

Les sceptiques, qui déclarent a priori qu’un tel miracle est impossible, oublient qu’il n’y a pas d’impossibilité pour le génie. Or plus on étudie l’Esperanto, plus on se rend compte que l’homme qui l’a créé, le modeste et encore obscur médecin de Varsovie, Louis Zamenhof, est une de ces intelligences géniales dont le nom reste attaché dans l’histoire à chacun des pas décisifs de l’humanité dans la voie du progrès.

Certes le problème d’une langue internationale artificielle immédiatement accessible à toutes les intelligences paraît au premier abord extraordinairement difficile, impossible même à résoudre ; et cependant quand on connaît la solution qu’en donne l’Esperanto, on est presque tenté de croire que rien n’est plus simple et plus facile. C’est l’histoire de l’œuf de Christophe Colomb. Mais prenons-y garde, les hommes de génie sont seuls capables de trouver ainsi des solutions que l’on croyait d’abord impossibles et qui paraissent toutes naturelles aussitôt qu’ils les ont découvertes.

Zamenhof est parti de cette idée, qui est en quelque sorte une idée de bon sens, que pour faire une langue artificielle vraiment internationale il faut autant que possible employer des éléments naturels qui soient déjà eux-mêmes internationaux. C’est l’application de ce principe qui explique en partie la prodigieuse facilité de l’Esperanto.