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tique et immédiate du problème ne consisterait pas dans l’adoption d’une langue internationale, commune à tous les peuples civilisés, qui dispenserait chacun d’eux d’apprendre les langues de tous les autres ? Cette solution est justement celle que nous propose l’Esperanto.

Il ne s’agit donc nullement de substituer une langue artificielle unique aux innombrables langues naturelles parlées par l’humanité : ce qui n’est ni désirable ni possible ; il s’agit simplement de donner à tout homme civilisé, d’instruction moyenne ou même élémentaire, un idiome neutre qu’il puisse acquérir à peu de frais et dont il puisse se servir pour ses relations internationales.

Comme l’a dit le plus ancien propagateur de l’Esperanto en France, M. de Beaufront, « loin d’être l’ennemi de nos langues, cet idiome sera leur auxiliaire, leur suppléant dévoué mais discret, qui bornera son rôle à les remplacer dans les cas où elles ne pourront intervenir elles-mêmes. L’épithète « universelle » employée parfois pour le désigner n’implique nullement qu’il faille l’étendre aux sauvages, aux barbares, à nos bons paysans, ni à tous ceux qui n’en ont que faire. »

En d’autres termes, l’Esperanto ne se propose que comme instrument des communications internationales. Actuellement, redisons-le, l’homme qui voudrait entrer en relation avec des nationaux de toutes les parties de la terre devrait apprendre toutes les langues de la terre. Dans l’hypothèse où l’Esperanto serait suffisamment répandu (et il l’est déjà un peu partout, même en Australie et au Japon), il lui suffirait à la rigueur de savoir deux langues, sa langue nationale et l’Esperanto.

En fait un Espérantiste peut aujourd’hui échanger des correspondances avec des Français, des Anglais, des Allemands, des Suédois, des Russes, des Tchèques, des Bulgares, des Espagnols, des Italiens, etc., en un mot des hommes des nationalités les plus diverses, appartenant à toutes les classes sociales, présentant les degrés d’instruction les plus inégaux, sans être obligé de savoir leurs langues et sans que ses correspondants soient obligés de savoir la sienne. C’est la solution bilingue du problème des communications internationales substituée à la solution omnilingue ou tout au moins polyglotte, et mise, qui plus est, à la portée de tout le monde.