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VI

PRÉFACE
POUR L’ÉDITION DE 1701.


Comme c’est ici vraisemblablement la dernière édition de mes ouvrages que je reverrai, et qu’il n’y a pas d’apparence qu’âgé comme je suis de plus de soixante-trois ans, et accablé de beaucoup d’infirmités, ma course puisse être encore fort longue, le public trouvera bon que je prenne congé de lui dans les formes, et que je le remercie de la bonté qu’il a eue d’acheter tant de fois des ouvrages si peu dignes de son admiration. Je ne saurois attribuer un si heureux succès qu’au soin que j’ai pris de me conformer toujours à ses sentimens, et d’attraper, autant qu’il m’a été possible, son goût en toutes choses. C’est effectivement à quoi il me semble que les écrivains ne sauroient trop s’étudier. Un ouvrage a beau être approuvé d’un petit nombre de connoisseurs : s’il n’est plein d’un certain agrément et d’un certain sel propre à piquer le goût général des hommes, il ne passera